Tu te prends pour qui pour donner des conférences?

J’espère que tu as passé un bel été et que ta rentrée s’est bien passée.

Pour ma part, les vacances ont été magnifiques et riches de prises de conscience.

Avant de partir, j’avais pris la décision de couper complètement les réseaux. Et je dois avouer que ça m’a fait vraiment du bien. Beaucoup plus que ce que j’imaginais.

Trois semaines en mode Hermite, avec ma petite famille, à ne rien savoir de ce qui se passait dans le monde ni sur les réseaux (par exemple, que Tatie Micheline a mangé des pâtes au pesto chez Amici ou que ta vieille pote de l’Uni que tu ne vois plus depuis 15 ans a bu un Spritz au bord du lac et acheté un nouveau joujou à son chat)  et à n’avoir des nouvelles que des personnes dont tu as envie de prendre des nouvelles.

J’ai kiffé, je dois bien l’avouer. J’ai pris conscience de la pollution que ça crée dans mon esprit de scroller sur Insta. J’ai aussi loupé la promo sur le nouveau super masque anti points noirs et sur la robe en lycra que tu peux nouer de 65 façon différentes. J’ai fait de belles économies du coup. Parce que je sais pas toi, mais moi je suis une très bonne cliente pour Insta… Et l’algorithme l’a bien, mais très bien compris…

Quand je suis rentrée, j’avais quand même cette petite voix qui me disait… Non mais quand même, faut que tu ailles voir… T’as peut-être loupé des choses importantes…

J’ai donc finalement ouvert la fosse… Et à mon grand étonnement, mon ressenti a été un grand et tonitruant BEURK! 

Non mais vraiment… Je me suis dit, mais qu’est-ce qu’on fout là à perdre notre temps?!

Et comme tu l’as peut-être constaté, je ne suis pas revenue. Je zieute de temps en temps. Mais je sélectionne ce que je regarde. J’ai trié les comptes que je suis, et je décide les stories ou les posts que je veux regarder. Je ne scolle plus.

A la place, je lis… Les chroniques de Bridgerton… Et ouais… et j’adore ça. 

Et quand je prends mon téléphone, j’apprends des langues. Je me suis remise à l’anglais et au portugais. Juste pour le fun. Et je m’éclate.

J’ai eu une grosse prise de conscience pendant ces vacances.

Depuis 4 ans que je me suis lancée dans cette activité annexe pour transmettre le Design Humain, j’ai passé tout mon temps libre à me former à cet outil et à d’autres, à essayer de montrer aux gens à quel point c’est un outil génial qui peut vraiment changer la vie, en proposant mes services, en faisant des posts sur les réseaux, en me dévoilant pour prouver que ça marchait et en en parlant à qui voulait bien m’écouter.

Et la vérité, c’est que je n’ai plus beaucoup pensé à moi. J’en ai oublié de vivre pour moi.

J’ai oublié à quel point ça fait du bien de lire un roman léger et sans grandes théories philosophiques juste pour le plaisir de découvrir comment Colin est tombé amoureux de Pénélope (avis aux vrais qui savent hahah).

J’ai oublié à quel point c’est chouette de regarder un film complètement con et de juste rire pour rire.

J’ai oublié à quel point ça peut faire du bien d’aller se faire chouchouter au SPA, ou de passer deux heures à juste observer l’océan et les petits poissons.

Cette légèreté, je l’ai retrouvée en Polynésie Française…

T’avais besoin d’aller aussi loin? Tu me diras.

Et bien apparemment, oui.

Là-bas, j’ai réalisé à quel point je me complique la vie. A quel point je remplis mon cerveau de choses inutiles en me convaincant que c’est ce qu’il faut faire et que c’est bien. Et en rentrant, j’ai tout de suite senti que l’énergie chez nous est différente. Et qu’il est facile de retomber dans ces petits travers qui nous permettent de brouiller notre cerveau et de supporter tout ça.

J’ai découvert un pays où les gens sont gentils pour rien. Mais vraiment. Juste pour le plaisir de rendre service et de cocréer.

Quand on m’a demandé si j’avais apprécié mon séjour et que j’ai répondu que oui et que c’était « difficile de partir », le conducteur m’a répondu… « ou c’est facile de revenir ».

Ils voient la vie autrement. Et ça change tout.

Pour dire bonjour, ils disent « Ia Ora Na ». Va dire ça en faisant la gueule… ça ne marche pas! Et tu sais ce que ça veut dire? 

« Belle vie à toi ». Rien que ça… A chaque fois qu’on te dit bonjour, on te souhaite une belle vie. C’est autre chose quand même non? Essaie de dire ça à quelqu’un, et regarde la réaction…

Du coup, voilà où j’en suis. J’ai un grand besoin de « rentrer à la maison ». De me retrouver. De prendre du plaisir sans penser aux autres. Et c’est que j’ai l’intention de faire. Kiffer, et basta. 

Impossible de te dire aujourd’hui où ça me mènera.

Et ce qui me fait marrer, c’est que ce changement de direction arrive pile au moment où on me propose d’animer un deuxième atelier sur le Design Humain. Pile au moment où une sorte de légitimité et de sens à ce que je fais apparait. Et moi je fais quoi? Je décide de me retirer. Et je suis totalement en paix avec ça. J’en suis la première étonnée.

Petit retour en arrière (parce que non, on ne revient pas en avant… hein Timon!)

Bref! A la base, j’étais venue te parler d’autre chose…

Pour qui je me prends franchement?

Elle s’est pris pour une conférencière la meuf? 

Elle va vraiment venir là, en mode grand professeur qui va expliquer à des vrais gens ce que c’est que le Design Humain et comment tu peux l’utiliser pour changer ta vie?

C’est le ressenti que j’ai dans mon thorax à chaque fois que je pense à cet atelier que j’ai accepté de donner.

Parce que moi je suis juste Christelle, cette petite fille qui était ultra timide, qui avait la gorge qui se serrait et les larmes qui montaient et qui perdait tous ses moyens quand elle devait se tenir devant la classe pour faire un exposé.

La même qui se rendait malade avant chaque examen oral à l’Université parce qu’elle avait tellement peur de décevoir ses professeurs, de faire faux et que l’on voie qu’elle n’était qu’un imposteur.

La même qui s’est trouvée totalement débile et ridicule quand elle a commencé à se montrer sur les réseaux.

Cette Christelle-là pense qu’elle peut donner un atelier dans un Festival?

Non mais allô! Reste à ta place meuf!

Et pourtant, j’y suis allée.

Parce que j’ai senti que même si la peur me bouffait le ventre, même si mon entourage (certains) me jugent et ne comprennent pas pourquoi je fais tout ça, je savais qu’il le fallait.

Donc oui, en septembre dernier j’ai bien donné un atelier sur le Design Humain.

Une sorte de conférence.

Ouais, rien que ça.

Depuis le jour où j’ai accepté de m’investir dans ce projet, j’ai ressenti chaque matin une angoisse au fond de mes tripes.

Pourquoi tu as accepté tu vas me demander.

Je vais te révéler un secret.

Ma plus grande peur, c’est de parler en public.

Et quand on m’a proposé de créer un atelier qui parlerait de Design Humain dans un festival de bien-être, je me suis dit que l’opportunité était trop belle et que je ne pouvais pas laisser mes peurs me contrôler.

Le grand jour est finalement arrivé, et j’ai animé cette fameuse conférence.

Et au grand étonnement de ma petite voix – tu sais celle qui te crie de ne pas prendre de risques et de ne jamais faire des choses qui font peur – tout s’est bien passé.

Je n’ai pas perdu mes moyens, je n’ai pas vomi (true story, ça m’arrivait avant chaque examen oral), je n’ai pas pleuré (true story 2, examen final de math au gymnase, merci M. Bula).

J’ai même reçu des compliments, et comme je l’ai dit précédemment on m’a proposé d’intervenir dans une deuxième édition.

Mais je dois t’avouer un truc.

Je n’ai pas non plus ressenti de satisfaction.

Même si j’ai « réussi », affronté ma peur, fait face et assumé, je n’ai pas vraiment kiffé.

Alors soit c’est toujours le petit bonhomme qui parle, parce qu’il a peur que je recommence, soit simplement ça vient refléter le fait que même si on est capables de faire quelque chose, on est pas obligés pour autant de le faire.

J’ai eu des demandes de coaching après cette conférence. j’en ai accepté plusieurs, et j’ai kiffé cette fois.

Mais j’étais déjà dans ma grande phase d’introspection, et j’ai fini par décider de tout arrêter.

Pour un temps ou pour toujours.

En tout cas pour tout le temps qui serait nécessaire pour que je comprenne ce que je veux pour la suite.

A bientôt.

Christelle